"Jeunesses malmenées : une poétique de la violence dans les courts-métrages de Juanma Bajo Ulloa"

International audienceJuanma Bajo Ulloa est l’un des représentants de la jeune génération basque qui fait entendre sa voix dans le concert des nouvelles écritures cinématographiques émergeant en Espagne dès la fin de la décennie 1980. Connu essentiellement pour ses drames Alas de mariposa (1991) et La madre muerta (1993), ainsi que pour sa comédie loufoque Airbag (1997), il cultive une œuvre singulière détachée des deux grandes dominantes qui s’affirment alors, le cinéma de genre et le réalisme, tendances entre lesquelles il n’a pourtant de cesse d’osciller pour façonner un monde qui lui est propre.La présente communication se centrera sur ses premiers courts-métrages, Akixo (1988) et El reino de Víctor (1989), qui partagent avec les deux longs-métrages ultérieurs la peinture d'une brutalité omniprésente : qu’elle affleure à travers les convulsions du corps urbain dans un contexte sociopolitique agité (Akixo) ou bien par le biais de la terreur que fait régner la figure paternelle dans l’intimité du foyer (El reino de Víctor), cette violence érode les espaces et affecte les corps dans leur chair, s’exerçant plus spécifiquement contre les enfants et les adolescents. Nous nous proposons d’ébaucher ici une analyse des diverses formes et expressions que recouvre ce phénomène polymorphe dans les deux œuvres brèves, représentatives des années de formation de Bajo Ulloa. Tout en tenant compte du changement d’environnement et d’atmosphère qui s’opère d’une fiction à l’autre, nous verrons comment le réalisateur, dans cette production primitive, pose les jalons d’une poétique de la violence articulée autour du thème de la jeunesse malmenée et sous-tendue par le principe de la désagrégation, poétique qui se déploiera pleinement dans ses drames postérieurs